Une ligne Mame-Trousseau par les Casernes, Jean Jaurès, le Sanitas puis les Fontaines proposerait un tracé assez délirant par ses détours, je ne suis vraiment pas convaincu. C'est évident que peu de gens voudraient, quelqu'en soit l'itinéraire, aller d'un terminus à l'autre, mais le tram roulerait sur 11,8 km pour relier deux sites distants à vol d'oiseau de 6 km ! Soit aussi plus de trois kilomètres de plus que le trajet que pourrait raisonnablement suivre un BHNS (par Grammont, Béranger et Boyer). Le rabattement du bus sur le tram sera surtout assez pauvre. Un usager de La Riche Centre n'ira pas faire correspondance à Mame pour rejoindre la gare de Tours, il restera dans son bus. Même à Mame, on n'aurait guère à perdre à prendre le bus pour rejoindre le centre-ville via Léon Boyer ou les Halles.
Le seul avantage de ce tracé est de desservir Trousseau au plus près (est-ce une bonne idée, j'y reviendrais plus tard). A ce compte-là, ne faudrait-il pas une ligne plus directe depuis Tours-centre, via les Tanneurs ou, plus compliqué, via les Halles ? Il y a parfois des solutions contre-intuitives qui se révèlent bonnes, mais là j'ai surtout l'impression qu'on essaie, comme dans les jeux d'enfants, de relier le plus grand nombre de points différents par un trait, sans lever le crayon.
Quant à une ligne Mame-Trousseau par Jean Royer, j'ai l'impression qu'elle fait un peu figure d'épouvantail. On peut regretter, peut-être, que Tours soit une ville avec un hyper-centre très fort (gare, commerces, administration, établissements scolaires), mais ce n'est pas faire un TCSP l'évitant soigneusement qui en fera une ville multipolaire. C'est l'assurance de faire un four. Sans compter qu'il faut emprunter, sur 1200 mètres, le boulevard Jean Royer, long comme un jour sans pain et large de 15 mètres (pour rappel, l'avenue Maginot en fait 18). A moins de faire une voie unique, cela veut dire qu'il faut qu'au moins une des deux voies soit dans la circulation générale. Et que l'on supprime le stationnement longitudinal, dans un quartier déjà tendu. Restera à régler la question des stations, avec des contraintes d'insertion très fortes. Comment expliquer tout ça aux tourangeaux ?
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Le noeud gordien, c'est la desserte de Trousseau, avec trois choses à prendre en considération : il y a d'une part les employés, les visiteurs (patients+proches) et les étudiants, puisque la fac compte largement. Il faudrait étudier (c'est sans doute déjà fait) finement les points d'entrée de tout ce monde là : pénètre-t-on forcément dans le site par le boulevard Tonnellé, face au jardin Botanique ? Les étudiants seront indifférents quant à marcher 50 ou 250 mètres pour rejoindre la station de tram, mais qu'en est-il des employés disséminés sur le site, des personnes âgées ou malades se rendant en consultation ? Et est-ce que, pour ces dernières, le tram est forcément la panacée (quid de la Citadine ?). Si on décide de desservir Trousseau à l'emplacement actuel des arrêts de bus, il faut emprunter le boulevard Tonnellé sur toute sa longueur. Celui-ci est d'une largeur inégale, entre 16,5m et 20m, avec quelques rétrécissements ponctuels (jusqu'à 14,5m). Les vélos circulent actuellement avec les piétons, il y a deux files de stationnement (question épineuse), et des alignements d'arbres dont l'abattage ferait l'effet d'une bombe. On imagine mal le boulevard mis en sens unique, et l'arrivée du tramway ne sera pas considéré comme suffisante pour virer 150 ou 200 places de stationnement.
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Plus j'y pense et plus je crois que la solution la plus raisonnable serait de passer par Béranger, Giraudeau, les Casernes et la ZAC du Plessis pour terminer à La Riche Centre. On a là aussi des problèmes difficiles d'insertion à régler. Sur le boulevard, déjà, où quelque soit le profil en large choisi, on perdra beaucoup de stationnement, mais en faisant l'amorce d'un prolongement vers Saint-Pierre. Rue Giraudeau, où le point dur réside dans les 250 mètres entre St Eloi et la place Rabelais. Rue Michel Baugé, un site mixte peut être envisagé, mais il y a une vieille maison à déplacer. Boulevard Tonnellé, on est dans une partie de 20m de large. Et la desserte de Bretonneau se ferait rue d'Entraigues, à 200 mètres de la fac et à 350 mètres de l'entrée principale de Bretonneau. On assure au-delà une desserte de la ZAC du Plessis, et une offre pertinente à La Riche Centre.
Un itinéraire par les Halles (sans parler de Léon Boyer) poserait décidément trop de problèmes d'insertion. Je crois sinon qu'un passage par Tanneurs/Preuilly donnerait des résultats intéressants, mais là aussi avec des impacts sur la circulation, le stationnement et les alignements d'arbres qui seraient très importants. En définitive je ne vois aucune solution se dégager clairement, mais si celles que tu présentes correspondent à ce qui nous sera proposé, je suis un peu inquiet ...