C'est le 5 juillet 1877 que fut mise en service la première ligne de tramway, alors hippomobile, entre la barrière de Grammont et la barrière de Vouvray, c'est à dire vraisemblablement entre les actuelles places Choiseul et de Verdun. Tours était alors la cinquième ville de France à s'équiper du tramway. Le 25 juillet, deux embranchements (formant une seconde ligne ?) vers les Halles et la gare (alors encore appelée Débarcadère) sont mis en service. Ce petit réseau est exploité par la Compagnie Générale Française des Tramways.

Le 16 septembre 1889, une ligne entre l'actuelle place Anatole France (alors place de l'Hôtel de Ville) et Vouvray est mise en service par une société nouvelle, la Société de Tramways à Vapeur de Tours à Vouvray. Elle utilise les voies posées par la CGFT sur la traversée de la Loire. Le matériel de traction est constitué de petites locomotives à vapeur.

En 1895, les chevaux commencent à être remplacés sur le réseau CGFT par des automotrices à vapeur. La ville de Tours lance dans le même temps un projet d'électrification des voies de la CGFT. Cette dernière, en mauvaise posture financière, vend le réseau de Tours à la Compagnie des Tramways de Tours, qui prend également en charge la ligne de Vouvray.

La CTT lance immédiatement de gros travaux : mise à voie métrique de l'ensemble des lignes (qui étaient alors à voie normale), notamment avec de permettre l'interconnection avec le réseau de chemin de fer départemental. Electrification également entre 1898 et 1901 pour les lignes urbaines. A noter que la ville de Tours ayant demandé à ce que des fils ne soit pas employés sur l'Avenue de Grammont, la CTT utilisa un système révolutionnaired'alimentation par le sol, dit "système de plots Diatto".

Le réseau croît dans le même temps très rapidement au tournant du siècle. De nouvelles lignes suburbaines ouvrent vers Fondettes et Luynes (le 5 août 1899 ?), Saint-Avertin et Azay, Pont-Cher, la Tranchée. Le réseau urbain est également prolongé. En 1903, le réseau est ainsi constitué de :

- Quatre lignes urbaines à traction électrique mixte (ligne aérienne et plots).
- Une ligne suburbaine à traction électrique mixte.
- Trois lignes suburbaines à traction vapeur.

La traction vapeur dispaîtra en 1912 après électrification des lignes suburbaines. Les plots Diatto, peu fiables et dangereux pour les piétons, disparaîtront définitivement en 1914.

Au sortir de la guerre, la situation du réseau se complique : une première ligne (urbaine ?) ferme, d'autres sont réduites, le matériel vieillit. Voici un plan du réseau urbain tel qu'il existait en 1925. Au nord, deux lignes suburbaines vers Luynes et Vouvray, une autre montant la Tranchée. Au sud, une vers Pont-Cher et une autre vers Azay. On notera les deux dépôts. (l'impression étant mauvaise, il y a un triple décalage entre le trait des trmaways, le tracé des rues et la trame urbaine.)




En 1931, des services routiers commencent à concurencer le tramway. Le 1er septembre 1932, trois lignes suburbaines sont supprimées (Azay, Luynes et Vouvray ?) et remplacées par des services d'autocars.

A la veille de la guerre, le réseau est déjà fortement réduit :
- ligne A : Sainte-Radegonde – Parc de Grammont (Sans doute du Quai de Ste-Radegonde au carrefour de l'Alouette)
- ligne B : Hôpital – Rue de Paris ; (De l'hôpital Bretonneau au croisement Rue de la Fuye - Rue Edouard-Vaillant (ancienne Rue de Paris).)
- ligne C : Cathédrale – Rabelais ; (Petite ligne de la cathédrale à la place Rabelais)
- ligne suburbaine : Place Anatole France – La Tranchée. (Jusqu'au croisement de l'avenue du Mans ?)

La Seconde Guerre Mondiale rend les choses encore plus difficiles : véhicules surchargés et hors d'âge, destruction de lignes et de véhicules par les bombardements, alimentation électrique aléatoire ... Après la Libération, le réseau apparaît usé jusqu'à la corde. Sa modernisation n'est pas retenue, l'exploitant mettant en service des trolleybus dès 1948. Le dernier tramway circulera le 14 septembre 1949. Les trolleybus ne leur survivront que 19 ans.


Voir aussi :
* "Les Tramways de Tours " – J. Metz – Revue de la FACS n° 98 – 1970-II
* Cette excellente page du site de l'AMTUIR, sur laquelle se base largement ce petit article. Nombreuses photos du début du siècle.

Juste une petite question, tu peux resituer tout ça dans le contexte national ? pour voir si Tours était en retard ou bien innovant etc.. ^^

Premier paragraphe : "Tours était alors la cinquième ville de France à s'équiper du tramway." Bon, après c'était simplement des remorques tirées par des chevaux sur des rails, au niveau des innovations techniques c'est effectivement modeste.

Le système d'Alimentation Par le Sol Diatto était par contre déjà plus innovant, je ne crois pas que beaucoup de villes en aient été équipées. Mais bon, c'était visiblement pas au point, et entre les piétons électrocutés et les coupures de courant, ça n'a pas tenu très longtemps.

Concernant la date de suppression des tramways, je pense qu'on peut dire qu'ils ont relativement bien perduré : dans pas mal de réseaux, surtout les plus petits, les tramways ont viré dès les années 30 ou n'ont peu ou pas été remis en service après la guerre. Dans les grandes villes, après 1955 il n'y a quasiment plus eu de suppressions définitives.

A noter que c'est aussi l'absence d'offre en terme de matériel neuf après '45 qui a conduit à l'abandon de nombreux réseaux : usines détruites, quasi absence de constructeurs en France ... Alors que dans le même temps le trolley offrait un look résolument plus moderne et une capacité unitaire bien supérieure.

La réelle relève n'arrivera qu'en '58 à Saint-Etienne avec les motrices PCC (qui avaient pourtant été mise en service aux USA dès 1936) qui permirent de sauver le réseau. Idem à Marseille en 1969.

Concernant l'ampleur du réseau, celui de Tours était relativement mineur; je n'ai pas le kilométrage précis, mais les lignes urbaines étaient franchement petites (de la cathédrale à Rabelais il y a trois kilomètres à la louche ...), et les suburbaines pas non plus en nombre ahurissant.

Et une vue actuelle de l'ancien terminus de Vouvray, avenue Léon Brûlé. Le dépôt devait se situer à l'arrière du bâtiment, dans une zone aujourd'hui urbanisée. J'ignore à quoi servait précisément cette petite maison, remarquablement entretenue.

Bonjour

Voici un lien où on voit une photo d'un ancien tram de Tours, qui existe toujours, et qui a été revendu en 1934 à Angers.

La rame fait desormais partie du patrimoine de l'AAPA :

La photo : http://www.petit-anjou.org/_fr/tram.htm

Le site web : http://www.petit-anjou.org/_fr/accueil.htm

Ta oublié lille qui a conservé les lignes R et T de son Mongy grace a son site propre( et oui!), marseille grace au fameux tunnel de noailles, a la tranchée fressynet et le terminus st-pierre en site-propre.st-etienne l' a conservé( tram 4) a cause de la grand' rue trop etroite pour un bus

A priori quand on regarde les anciennes lignes de trams peut-on considérer que le terminus de la barrière de Grammont était situé place de Verdun ?

Bienvenue,
La place de Verdun telle qu'on la connait aujourd'hui n'existe que depuis la rectification du cours du Cher dans les années 60. Je n'ai jamais pu trouver de textes situant cette barrière avec précision : une photo de la revue Connaissance du Rail montre la dite barrière, mais rien ne permet de la localiser.
De même pour la barrière de Vouvray : sur le quai Paul Bert, mais où ? Apparemment dans les environs du franchissement par le pont Mirabeau.

Comme l'a signalé la NR il y a quelques jours, on trouve actuellement un numéro de Connaissance du Rail (n° double 330-331) comprenant 10 pages sur le tramway de Tours. Les textes manquent parfois un peu de clarté (la place des Arts, actuelle place Anatole France, est ainsi présentée comme la place Jean Jaurès), la carte n'est pas franchement réaliste géographiquement et difficile à mettre en rapport avec le texte, mais le dossier est richement illustré. On trouve ainsi une photo des tramways hippomobiles devant l'ancien hôtel de ville de Tours, deux bonnes photos du dépôt de Vouvray, une d'un autorail Billard au termius du Pont de Pierre, une de 1948-49 présentant en même temps une motrice Thomson et un des Vetra qui va les remplacer, etc ...

La revue coûte 11,90€, à mon humble avis un peu cher pour ce qu'il y a, à vous de voir.

J'ai pu retrouver les dates de disparition des lignes après-guerre, qui étaient jusqu'ici indisponibles dans les diverses publications que j'ai pu consulter ...

En 1948 subsistaient donc trois lignes :

* Ligne A : Barrière de Grammont (carrefour de Verdun) - Ste Radegonde (place Perron) (je ne sais pas si les prolongements à Parc Grandmont-nord, au RP de l'Alouette, les dimanches et fêtes, ont survécu à la guerre)
* Ligne B : Place Velpeau (ou rue de Paris ?? ça me semble très peu probable vu les dommages de guerre) - Hôpital
* Ligne de la Tranchée : Place de la Tranchée - Place de Strasbourg par l'avenue de Grammont.

Début 1948, les recettes du tramway représentent encore environ 3,5 fois celles des bus.

Le 20 mars 1949, c'est la fin de la ligne A : une ligne de bus est crée le lendemain entre Ste Radegonde et Joué via la rue Nationale, l'avenue de Grammont et la place de Strasbourg. En conséquence, c'est aussi le dernier jour d'exploitation de la ligne de la Tranchée entre la place Thiers et la place de Strasbourg : son parcours est prolongé de la place Thiers à la barrière de Grammont pour quelques jours.

Et effectivement, le 16 avril au soir, la ligne de la Tranchée disparait définitivement, et est remplacée par des bus le lendemain.

En mai 1949, la ligne B transporte encore 113.000 voyageurs : c'est la plus rentable du réseau, mais avec un matériel au delà du vétuste. Ils sont encore 84.000 en août, et 52.000 en septembre. Je n'ai pas retrouvé dans les documents que j'ai consulté la date du 14 septembre : c'est dire si leur disparition a été passée sous silence : je vais essayer de jeter un coup d'oeil à ce sujet. Elle semble toutefois plus que probable, étant cohérente avec les chiffres de la fréquentation.

Petite brève rigolote dans la NR d'aujourd'hui :

[Histoire] Des rails en lampadaire !



Le boulevard Paul Langevin à Saint-Pierre-des-Corps possède des lampadaires pour du moins atypiques ...
Ce sont en effet des rails de notre ancien tramway qui font guise de mât pour les lampadaires de ce boulevard.

La suite : http://letramdetours.blogspot.com/2010/ ... daire.html

Bonne soirée,

Une petit vue d'une motrice avec une baladeuse à Jean Jaurès en 1937 sur cette vidéo (3:15) :

http://memoire.ciclic.fr/404-promenade- ... n-et-tours

Bonne soirée,

J'ai trouvé sur le site du CG37 des cartes postales avec le tram mais je ne pense pas qu'on puisse les agrandir.

http://web-2.cg37.fr/Edip.Client/(0srt0x45xkvwalbopa131zv4)/Pages/Redirector.aspx?Page=MainFrame

(dans la partie Indexation > mots clés : tramway)

Une bonne surprise en fouillant dans des archives familiales, la découverte de ces trois cartes postales (cliquez sur les images pour en obtenir de plus grandes versions) :

Une vue de la gare, mais sans tramways. Le nombre de chevaux sur le parvis est remarquable. Le cachet indique 1904.


Cette seconde vue de la gare, déjà publiée sur la galerie, mais ici sans timbre ni cachet. J'ai la date de 1909 sur le cachet au dos.


Enfin, le pont de pierre en 1913, vraisemblablement pris depuis l'actuel quai de Portillon. On distingue au loin la fumée de ce qui semble être une locomotive Saint-Léonard. On notera également l'ancienne (et majestueuse) entrée de la ville, au dernier plan.

Beaux clichés !

De mon côté j'ai ça :

J'ai pris le temps de scanner les 116 photos du livre de Jean Chédaille, je posterai ça prochainement.

Bon allez, je commence à déballer mes archives !






Tickets vers 1900 :



Bouillotte et régulateur de pression du tramway à air comprimé :


Ravitaillement en air comprimé à l'atelier :


Dans l'atelier de production d'air comprimé :


Place de la bouillotte dans les machines :





A la fin du XIXème siècle, un tram hippomobile déambulant quand du Vieux-Pont (quai Paul Bert) sensiblement à l'endroit de la séparation actuelle voie sur berge :


Un des premiers tram à vapeur, de la ligne de Vouvray, franchit le pont de Pierre avec un premier plan un rémouleur :


Une motrice Serpollet de 1893 en voie normale, roule sur le pont de Pierre en direction du centre de Tours :


La gare de Fondettes, le 18 août 1907 : on voit au premier plan le tram de Tours qui a transporté les personnalités et en arrière-plan un train des chemins de fer départementaux :


Un tram de Vouvray s'engageant au sortir du pont de Pierre, sur le quai du Vieux Pont. Il est tiré par une loco à vapeur Saint-Léonard. Sont attelées deux remorques, dont l'une à trois essieux, et l'autre, une ex-Rowan, sans moteur :



Locomotive Saint-Léonard dans un décor vouvrillon, sur fond de château d'eau, d'ateliers et de remorques :


Un décor qui a bien changé, le virage "gastronomique" de l'entrée de Vouvray ! On y voit arriver une Saint-Léonard à vapeur avec sa remorque, une ex-Rowan :


Une vue de la gare de Vouvray, avec une machine Saint-Léonard, une première remorque ex-Rowan transformée et une seconde à trois essieux :


Cette loco de tram porte des couvres-roues afin que les mouvements des bielles n'effraie pas les chevaux de Tours, photo de 1908 :


Devant la gare de Vouvray :


Vallières, en 1911, avec une locomotive de la CTT, série 11 à 13 :


Place du musée vers 1895 :


Tickets vers 1900 :


Motrice Thomson venant de Fondettes et traversant la Loire : le tram transportait toutes sortes de messageries y compris du fumier (au plus grand dam des habitants de la rue Nationale !) :


Rue Nationale :


En 1905, l'un des premiers tram électriques quitte le boulevard Heurteloup pour s'engager rue de La Fuye dans une courbe à rayon réduit :


Pont volant :


Des clients photographiés en mars 1921 dans la remorque n°10 devant le buffet de la gare de Vouvray :


M. le directeur, M. le sous-directeur et M. l'ingénieur de la Compagnie Tourangelle, posant pour le photographe dans la Ragheno n°44, le 30 mars 1921 :


Rue Nationale vers 1900 :




Une motrice Thomson-Saint-Denis devant l'ancienne bibliothèque :


Place Jean Jaurès vers 1900 :


Les motrices 34 et 35, spécialement destinées à la ligne de la Tranchée, ont une puissance accrue et des freins spéciaux :


La route du Mans vers 1910 :




Tramways et baladeuses pris d'assaut devant la gare pour embarquer les voyageurs à destination de la grande semaine de l'aviation de l'île de la Gloriette :


Les chemins de fer départemental en gare de Ligueil :


Même commentaire en gare d'Esvres :


La suite bientôt !

Ouf
Merci pour ces photos !